KLAAS-JAN HUNTELAAR

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LA LÉGENDE DU HOLLANDAIS VOLANT

LA LÉGENDE DU HOLLANDAIS VOLANT 

Très répandu dans la culture populaire, le Hollandais volant est un navire, composé d’un équipage fantôme, qui vogue sur les océans, terrifiant les marins. Sa rencontre est synonyme de malheur comme le décrit Collin De Plancy dans son ouvrage le dictionnaire infernal de 1844 :

« Les marins de toutes les nations croient à l’existence d’un bâtiment hollandais dont l’équipage est condamné par la justice divine, pour crimes de pirateries et de cruautés abominables à errer sur les mers jusqu’à la fin des siècles. On considère sa rencontre comme un funeste présage ».                       

Mythe ou réalité ? Chacun aura son avis sur la question.

LE CHASSEUR

Klaas-Jan Huntelaar, lui, est bien réel. Ses victimes favorites ? Les défenseurs chez qui il inspire la crainte en survolant les terrains à l’image du Hollandais volant les océans.

C’est à l’âge de onze ans que The Hunter intègre le centre de formation de De Graafschap. Le temps pour lui de faire découvrir ses talents devant le but et de rejoindre en juin 2000, le grand club national, le PSV Eindhoven. Pour sa première saison en junior, le jeune buteur inscrit 26 buts en 23 matchs. Des statistiques qui laissent entrevoir un futur en équipe première dans les pas du grand Van Nistelrooy qui a marqué le club de son empreinte quelques années plus tôt. Klaas-Jan fait finalement ses débuts professionnels lors d’un match contre le RBC Roosendaal, en remplacement de Mateja Kezman, le 23 novembre 2002. Sans le savoir, cette première apparition avec le maillot du PSV sur les épaules sera aussi sa dernière.

Le jeune attaquant batave fut par la suite prêté à De Graafschap, son ancien club formateur, mais il ne parvint pas à s’imposer. Un échec qui pousse le PSV Eindhoven à le prêter de nouveau, à l’AGOVV Apeldoorn, en deuxième division.  L’occasion pour Huntelaar d’entrer dans la légende de ce club. Il boucle la saison avec 26 buts en 35 matchs et remporte la récompense de meilleur joueur et meilleur buteur du championnat. L’histoire est en marche, The Hunter met tout le monde d’accord. Enfin, pas tout à fait tout le monde à vrai dire.

Malgré ses excellentes performances, le PSV ne semble pas totalement convaincu. Le club lui propose un nouveau contrat avec l’idée de le renvoyer en prêt dans la foulée. Le jeune joueur refuse et s’engage avec le SC Heerenveen où il performe dès sa première saison avec 17 buts en 31 matchs de championnat avant d’exploser les compteurs la saison suivante, 2005-2006, avec 17 buts en 15 matchs. Des performances qui le mènent à la reconnaissance nationale puisqu’il rejoint le légendaire Ajax Amsterdam en janvier 2006 pour 9 millions d’euros, un record à l’époque.

Les défenseurs du championnat sont désormais prévenus, le Hollandais Volant règne sur les pelouses d’Eredivisie.

LA NAISSANCE DU HOLLANDAIS VOLANT

Ce transfert dépasse finalement les attentes et permet à Huntelaar d’entrer dans l’histoire de l’Ajax Amsterdam, club rival du PSV.

Pour ses six premiers mois dans sa nouvelle équipe le chasseur de but inscrit 16 buts en 16 matchs de championnat. Des statistiques qui lui offrent le titre de meilleur buteur d’Eredivisie avec un total ahurissant de 35 buts en 31 matchs, inscrit sous les couleurs du SC Heerenveen et de l’Ajax.  Une saison magnifique qui le voit également remporter la coupe des Pays-Bas, face au PSV en finale. Victoire 2-1 de l’Ajax, doublé d’Huntelaar qui prend là une revanche personnelle face à son ancien club. La suite de son parcours à Amsterdam est une vraie réussite. Il enfile les buts comme des perles au point d’atteindre les 100 buts en Eredivisie grâce à un coup du chapeau face à De Graafschap le 6 avril 2008. Un exploit réussit avant ses 25 ans, ce que seul Dennis Bergkamp et Dirk Kuyt avaient été en mesure de réaliser.

Durant l’été 2008, l’Ajax intronise l’ancien triple Ballon d’Or, Marco Van Basten, comme nouvel entraineur. La collaboration entre la légende et son héritier s’annonce passionnante. Malheureusement, Huntelaar se blesse quelques semaines plus tard durant un match contre le Sparta Rotterdam. Le verdict tombe, déchirure d’un ligament de la cheville et huit semaines d’absences. 

Une blessure qui sonne la fin de l’histoire entre le buteur et son club.

À LA CONQUÉTE DU MONDE 

Le 2 décembre 2008, l’attaquant batave touche au graal en rejoignant le Real Madrid qui vient de perdre sur blessure Ruud Van Nistelrooy. L’Ajax reçoit un montant avoisinant les 25 millions d’euros pour ce transfert.

Il est temps pour Huntelaar de conquérir le monde à l’aide de sa nouvelle équipe. Finalement, le rêve n’aura d’égal que sa désillusion. Malgré des statistiques honorable, 8 buts en 20 matchs (13 titularisations), la chemise blanche ne semble pas coller à son image. Cette fois encore, The Hunter ne marchera pas dans les pas de son illustre ainé, Van Nistelrooy. Six mois seulement après son arrivée en terre madrilène, le Hollandais Volant reprend la mer. Cap vers le grand Milan pour y découvrir ses trésors. C’est ainsi que le 6 aout 2009, le Néerlandais s’engage pour 4 saisons en faveur du grand Milan AC, qui débourse 15 millions d’euros pour s’attacher ses services.

Son premier match sous ses nouvelles couleurs se solde par une humiliation face à l’Inter Milan, le club rival, avec une défaite sur le score de 4-0. Un simple faux départ ? Pas vraiment pour être honnête.  Le rouge et noir du maillot milanais, censé représenter le diable, n’a plus grand-chose de diabolique pour un club déjà sur la pente descendante. Ceux qui imaginaient Huntelaar marcher dans les traces de son compatriote Marco Van Basten, qui a marqué le club de sa légende, peuvent déjà quitter le navire. La saison du joueur se termine avec un faible bilan de 7 buts en 21 matchs.

Suite à ces deux passages ratés en Espagne et en Italie, Klaas-Jan doit tristement se rendre à l’évidence; sa légende s’estompe, il n’inspire plus la peur chez les défenseurs. Le temps est venu pour lui de faire fortune ailleurs, de trouver un nouvel équipage… et des trésors plus accessibles.

Été 2010, à la recherche d’un nouveau club pour se relancer le Hollandais plus si volant jette l’ancre en Bundesliga, du côté de Schalke 04. Les pensionnaires de Gelsenkirchen versent 14 millions d’euros au Milan AC qui vient de s’attacher les services d’un certain Zlatan Ibrahimovic.

La marche en avant reprend pour le Batave, pour le plus grand regret des défenseurs du championnat allemand qu’il martyrise à coup de buts au point de finir meilleur buteur de Bundesliga en 2012 avec 29 buts en 32 matchs. L’ancien de joueur du SC Heerenveen passe finalement 7 saisons sous les couleurs de Schalke 04 où il semble pleinement épanoui en s’inscrivant comme l’un des meilleurs attaquants du pays tout au long de son aventure.

En fin de contrat en juin 2017, le temps est venu pour le Hollandais de rentrer au port d’Amsterdam. Le buteur fait donc son grand retour à l’Ajax et affiche son ambition de décrocher le titre en Eredivisie. Promesse doublement tenue pour le joueur et son équipe qui s’adjugent le titre en 2019 et 2021.

LE NAUFRAGE 

Alors qu’il se dirige vers une fin de carrière tranquille à Amsterdam ou il a su gagner respect et reconnaissance, l’attaquant surprend son monde en faisant son retour à Schalke 04 qui fait appel aux fantômes du passé pour se sauver. Englué dans une situation catastrophique en championnat, le club compte sur l’expérience du buteur pour redresser la barre et rêver d’un maintien miracle en Bundesliga. Malheureusement, la tâche est trop grande, le club ne parvient pas à sauver sa place dans l’élite et coule dans les bas-fonds , entrainant dans son naufrage le buteur batave qui annonce la fin de sa carrière, sonnant la fin des croisades, sur cet ultime fiasco.

Une triste fin pour le Hollandais volant qui abandonne le club, un monument en Allemagne, en deuxième division et qui doit désormais vivre avec cet échec sportif. 

La fameuse malédiction évoquée par Collin De Plancy ?

« C’est le Hollandais, la barque

Que le doigt flamboyant marque !

L’esquif puni !

C’est la voile scélérate !       

C’est le sinistre pirate De l’infini. »

Victor Hugo, la légende des siècles.

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